Des raisons d’espérer !
Medef Isère, Emmanuel Bréziat, délégué général du Medef Isère
Bilan 2020
Dans la mesure où tout est commandé par le sanitaire, s’essayer à des prévisions économiques revient un peu à lire dans une boule de cristal. Si la plupart des prévisionnistes tablent sur une reprise de 6 % en 2021 et un retour à la situation d’avant crise à la fin 2022, après une récession de 10 % en 2020, tout peut être remis en cause par l’évolution de l’épidémie.
D’un point de vue plus micro-économique, l’accentuation des écarts entre les acteurs constitue l’élément marquant. Les situations sont de plus en plus contrastées, entre les secteurs et au sein même de chaque secteur.
A la faveur des PGE, de nombreuses entreprises ont des situations de trésorerie qui n’ont jamais été aussi confortables. En revanche celles qui ont déjà largement puisé dans leur PGE préfèreront arrêter plutôt que d’accumuler des dettes qui seraient impossibles à rembourser. Au sein d’un même secteur d’activité les situations sont également très disparates. Avec les aides, le restaurateur, propriétaire de ses locaux et faiblement endetté, passera la crise sans encombre ; en revanche, pour celui qui avait des charges fixes importantes (loyers, crédit…), ce sera beaucoup plus compliqué.
Dans notre département, nous sommes relativement épargnés pour plusieurs raisons : nous ne sommes pas mono-industrie, peu d’entreprises adressent le secteur de l’aéronautique, la high-tech, le bâtiment, l’industrie continuent de bien fonctionner. Le principal point noir est l’économie de la montagne qui va être lourdement impactée. Tout en essayant d’écarter les vœux pieux, fertiles en cette période, nous pouvons trouver de vraies raisons d’espérer.
La science est géniale !
Qui aurait pu prédire, il y a seulement quelques mois, que les entreprises pharmaceutiques arriveraient à trouver, dans des délais inédits, des vaccins aussi sûrs et aussi efficaces ?
Personne ! Les plus grands scientifiques ne cessent de s’étonner de l’exploit accompli. Nous devons nous en réjouir : il sera notre planche de salut ! Parions que très bientôt, les fustigeurs de ces entreprises, incarnation du « grand capital » et beaucoup de sceptiques, se plaindront de ne pas être vaccinés assez vite. La prochaine polémique portera sûrement sur le manque de doses. Si nous pouvions collectivement retenir cette leçon : devant un virus inconnu la science ne sait pas ; elle donne donc prise à tous les discours contradictoires, à tous les doutes, à toutes les défiances et à tous les charlatans. Mais la science n’a jamais progressé aussi vite et la coopération internationale entre scientifiques est sans précédent. On a tout entendu mais on entend assez peu les antimondialistes et protectionnistes de tous bords refuser ces vaccins.
Notre avenir environnemental, social et économique, est dans la coopération internationale, dans la recherche, dans l’innovation, dans les ruptures technologiques et non dans un retour à l’âge de pierre. Notre pays a des ressources formidables dans ces domaines, nous avons pris du retard mais nous avons les capacités de rester en première division !
Nos entreprises sont agiles !
Cette année terrible a mobilisé des trésors d’agilité, de réactivité, d’inventivité et de solidarité. Les illustrations pourraient s’égrener par centaines. Les exemples locaux sont nombreux : dons, partage, modèles économiques réinventés, une solidarité sans précédent, une réactivité inédite… Les temps « normaux » revenus, il en restera des choses : le télétravail, l’adaptabilité, la gestion des risques, des modes de management renouvelés, des déplacements évités…
Les services de l’Etat ont été remarquables : compétents, réactifs, à l’écoute et travaillant sans compter. Le problème dans la sphère publique, ce n’est pas ceux qui le servent mais les principes qui régissent ses serviteurs et les règlements qui gouvernent leur quotidien, la culture du 0 risque, le principe de précaution érigé en religion, une judiciarisation généralisée des relations et du coup, la peur de la moindre prise de risque, la prédominance des administrations centrales, la multiplication des autorités indépendantes, etc… et pour couronner le tout des « comités de citoyens tirés au sort ».
Tout cela alourdit, complexifie, ralentit, inutilement et au détriment de tous !
L’administration ne sait pas faire simple et synthétique car chacun, dans son ressort de compétences, croit faire au mieux (et dans leur esprit le plus est forcément le mieux) ; chacun se protège et ouvre tous les parapluies. On ferait la même chose à leur place.
Un seul exemple : le 15 mars, en une demi-journée, la grande distribution a rédigé un protocole opérationnel sanitaire qui a permis de protéger 700 000 salariés, simple, concis, directement applicable et vite répliqué. Le 31 décembre les EHPAD recevaient un protocole de 50 pages sur la vaccination, applicable le lendemain…. Le mieux est l’ennemi du bien.
La réforme de l’Etat (et surtout des principes qui guident notre action collective) reste un chantier sur la table. Elle servirait notre pays et surtout les agents de l’Etat qui consacrent une bonne partie de leur énergie à essayer d’évoluer dans cette jungle règlementaire.
Les liquidités abondent
Qui aurait pu penser que l’Europe, pépère, engoncée, presque immobile, puisse parvenir à un tel plan de relance et à un tel degré de solidarité entre les Etats ? Pas grand monde ! Jamais une telle quantité de liquidités n’a été déversée, surtout pour financer les Etats et garantir le bon fonctionnement des banques et du système financier. Cette dette perdurera longtemps. Face à une telle crise il n’y avait d’autres options. Mais à moyen terme, la question va se poser : les taux bas ne seront pas éternels et l’Euro ne survivrait pas à un écart de dette sans cesse grandissant entre la France et l’Allemagne.
La crise est « extérieure » (exogène comme disent les économistes)
La crise que nous connaissons se distingue de toutes les autres par son ampleur, sans précédent en temps de paix, mais également par sa nature. Ce n’est pas une crise économique, c’est une crise sanitaire qui a obligé à mettre l’économie sous cloche. Nous ne sommes pas là face à des déséquilibres et des dysfonctionnements caractéristiques des crises classiques et qui mettent du temps à se résorber. Par conséquent, si nous parvenons à préserver l’essentiel de notre tissu productif, la reprise sera plus franche, plus massive et plus rapide d’autant que les français ont épargné plus de 100 milliards d’Euros. A cela, il faut rajouter qu’historiquement les grandes pandémies ont été suivies d’un grand appétit de vie. Malgré le chômage qui va augmenter en 2021 malgré les défaillances d’entreprises, nos concitoyens ressentiront le besoin de sortir, de se retrouver, de consommer, de fêter… bref, de vivre !
Pour la première fois dans nos vies, on est quasiment certain que cette année sera meilleure que celle écoulée !
Donc vraiment, meilleure et belle année à tous !