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Emmanuel Roy, chargé de mission Technique & Fiscal FBTP Isère

"2022 : l’année du rattrapage "

Bilan 2021

 

Pour comparer ce qui est comparable, au plan national le volume d ’activité en 2021 dans le Bâtiment est resté inférieur de 5 % à son niveau de 2019. Le logement neuf ressort à -5,8 % malgré une légère hausse de 0,9 % des mises en chantier par rapport à 2020. Le non résidentiel neuf reste en crise avec une production qui chute de 10,5 %, tous segments confondus, et les surfaces autorisées s’enlisent à hauteur de -11,6 %. L’amélioration-entretien résiste mieux, à -2,6 %, notamment grâce à la rénovation énergétique des logements qui dépasse son niveau d’avant crise, avec +5 %, dopée par le dispositif MaPrimeRenov ’. Concernant l’Isère les derniers chiffres connus à fin octobre montrent un rebond par rapport à 2020 avec une progression de 14,3 % pour les logements commencés et 27,6 % pour les logements autorisés. Cependant ils restent inférieurs à 2019 avec -7 % en commencés comme autorisés. En matière de non résidentiel, la situation semble mieux orientée qu’à l’échelle nationale, à la faveur de plusieurs programmes, avec une hausse de 15 % en locaux commencés et autorisés en comparaison à 2019. La rénovation, quant à elle, est sur une tendance identique au national.

 

Concernant les Travaux Publics, sur l’ensemble du territoire l’activité affiche une reprise d’après crise, mais toujours pas d’embellie. La commande publique peine à redémarrer et ne permet pas aux entreprises de retrouver les niveaux de 2019. En fin d’année, le secteur atterrit sur un chiffre d’affaires en hausse de 10 % par rapport à l’an dernier mais encore inférieur de - 4 % par rapport à 2019. Pour notre département, l’activité est moins bien orientée avec des chiffres inférieurs au national. Le nombre d’appels d’offres remis en AURA reflète cette tendance avec un niveau inférieur de 26 % par rapport à sa moyenne de 2017 à 2019.

 

Perspectives 2022

 

En Bâtiment, la bonne tenue du logement neuf en 2021 laisse imaginer une véritable reprise en 2022. La production de logements devrait s’inscrire à hauteur de +7,3 % notamment grâce à la dynamique de l’individuel dont les permis et les ventes (en diffus) ont progressé de 15 % entre 2019 et 2021. Au total, les logements commencés atteindront presque la barre des 400 000 unités, soit une hausse de 2,1 %. Cependant, il convient de rester lucide car ce surplomb, cette bulle, dus en partie aux surcoûts (de 3,5 à 10 %) liés à l’entrée en vigueur de la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) au 1e r janvier 2022 et le « Zéro artificialisation nette » (ZAN) des sols, risquent rapidement de plomber le nombre de PC. Attention également à l’atterrissage possible de la rénovation dont la progression pourrait connaître une baisse, car en ne ciblant plus que les habitations principales de plus de 15 ans, le dispositif MaPrimeRenov ’ peut potentiellement perdre en efficacité.

 

En Isère, il est à noter que, sur le territoire de Grenoble Alpes Métropole, les PC de logements et de locaux rencontrent de plus en plus de difficultés pour voir le jour, subissant moult écueils, alors même que les besoins en logements restent forts, tout comme le développement économique nécessaire.

 

Après le rebond de 2021, l’activité des Travaux publics devrait, au plan national, poursuivre sa croissance en 2022 mais sur un rythme plus modéré pour arriver à un niveau similaire à 2019. En effet, la croissance en valeur atteindrait 4 % mais serait limitée à hauteur de 1,5 % en volume. L’activité en Isère devrait se calquer à celle du national mais à un moindre niveau.

 

Trop d’éléments subis ne permettent pas d’être pleinement confiant pour le BTP, la mise en place de la RE2020, du ZA N, la nouvelle modification du dispositif d’aide à la rénovation énergétique « MaPrimeRenov’ », l’augmentation exponentielle des prix des matériaux, les prix de l’énergie également à la hausse et les difficultés d’approvisionnement pour certains matériaux et matériels, laissent craindre un retournement de situation en 2023. Les trésoreries des entreprises se trouveront donc à nouveau très fortement sollicitées et, plus structurellement, les marges vont en souffrir. En lien avec ces différents éléments, le PGE, qui a permis d’affronter la crise sanitaire en 2020, pourrait s’avérer pénalisant en 2022 pour certaines entreprises.

 

Les carnets de commandes pour le Bâtiment oscillent entre 3 et 8,9 mois selon la taille des entreprises, Les Travaux Publics quant à eux disposent de carnets de commandes, selon les spécialités, variant de 1 à 6 mois mais la grande majorité des entreprises se situe à 3 mois de carnet, seuil autour duquel les prix restent très disputés.

 

Le paradoxe de cette situation repose sur le fait qu’avec des carnets de commandes satisfaisants, les difficultés d’approvisionnement, les prix des matériaux et de l’énergie et l’absence de main d’œuvre qualifiée risquent d’allonger les délais de réalisation des chantiers. L’ensemble des acteurs de l’acte de construire devront agir en responsabilité face à cette situation inédite. Un autre élément concourt à l’augmentation des délais de chantier : il s’agit de l’essor du télétravail, choisi ou obligatoire. La fracture numérique étant encore une réalité, le traitement des dossiers s’en trouve allongé.

 

Préoccupations et faits marquants : Les élections présidentielles et législatives, accompagnées de leur cortège de mesures post électorales, risquent encore de venir fragiliser le secteur du BTP en créant, comme à l’accoutumée, une période de latence.

 

Enfin, la nouvelle étape de la ZFE, interdiction des véhicules Crit’air 3 à partir du 1er juillet 2022, inquiète le monde économique car faute de solutions alternatives adaptées, beaucoup de TPE et PME sont en attente de pouvoir commencer le changement de leur parc. Des négociations sont en cours avec Grenoble Alpes Métropole mais le chemin à parcourir reste encore long.