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Emmanuel Roy, chargé de mission Technique & Fiscal FBTP Isère

"La crise du logement neuf impacte la filière dans son ensemble"

Bilan 1er semestre 2024 :

La crise du logement neuf est toujours bien présente et la longue litanie des mauvais chiffres se fait encore entendre. En effet, sur le plan national, la chute des mises en chantier reste violente à -21,8 % sur douze mois glissants à fin juin et -15,5 % entre les premiers semestres 2023 et 2024.

 

Dans ces conditions, le rythme annuel de 2024 s’inscrirait à hauteur de 264 000 logements, production inférieure à celle de 1992, année noire pour le BTP. Concernant les permis de construire, le recul est encore de -15,3 %, tiré vers le bas par l’individuel à -26,4 %. L’amont de la filière quant à lui ne connaît pas de répit, les ventes en individuel diffus continuent à s’effondrer à -29,9 % en glissement annuel sur le 1er quinquamestre 2024, tout comme les achats des particuliers aux promoteurs, qui plongent de 25,9 % entre les 1ers trimestres 2023 et 2024.

 

Les locaux mis en chantier s’en sortent un peu moins mal avec des surfaces commencées qui abandonnent 9,6 % en glissement annuel à fin juin. Les surfaces autorisées résistent mieux grâce à un tassement général de la baisse à hauteur de -3,7% toujours en glissement annuel sur le deuxième trimestre.

 

L’amélioration-entretien poursuit son ralentissement à +1,0 % en volume, entre les 2e trimestres 2023 et 2024, entravée par la trop brutale réforme de MaPrimeRénov’. En effet, la rénovation énergétique des logements stagne à 0,6 %. L’Isère est sur la même tendance à fin juillet en cumul sur douze mois, les logements commencés chutent de 18,8 % avec un individuel pur qui décroche encore à -32,5 %. Cependant il est à noter un léger rebond à +2,4 % sur les 3 derniers mois par rapport à 2023. En matière de PC, la baisse est contenue à -0,3 % mais l’individuel reste très impacté à -23,6 % sur douze mois glissants à fin juillet. Les locaux commencés sur la même période connaissent également une baisse de l’ordre de 29 % quant aux PC, ils chutent encore de 19,5 %.

 

En matière de Travaux Publics, sur l’ensemble du territoire national la cadence se ralentit, l’activité affiche un retrait de -2,4 % par rapport à juin 2024, la production se replie également par rapport au trimestre précédent -1,3 %. En conséquence la hausse de la facturation atteint seulement 1,1 % depuis janvier. Cette décélération doit être interprétée à la lumière des contraintes climatiques auxquelles les entreprises ont pu être confrontées. L’activité Iséroise est similaire au national mais les carnets de commandes se sont étoffés sur le premier semestre.

 

Perspectives fin 2024 :

Les perspectives pour le BTP sont une nouvelle fois mal orientées, la crise du logement neuf impacte la filière dans son ensemble. Cette situation perdure depuis plus d’un an. Devant sa gravité, les professionnels ont décidé en janvier dernier de s’unir en créant l’Alliance pour le logement (FFB, USH, FNAIM, FPI, Pole Habitat FFB, Procivis, Unis, Unne, Unsfa, Untec). L’objectif : peser sur le Gouvernement resté sourd face aux différentes alertes des acteurs. Les entreprises de Bâtiment sont les premières touchées mais également celles de Travaux Publics. En effet, les travaux de terrassement et de VRD liés aux logements neufs sont en net recul. Par ailleurs, les droits de mutations en baisse impactent les budgets des collectivités territoriales limitant de fait les investissements tant en matière d’infrastructures que d’équipements publics.

 

De plus, l’attentisme lié à la nomination du premier ministre à la suite des législatives aura créé une incertitude sur les marchés financiers. Par conséquent, il pourrait provoquer une hausse des taux d’intérêts alors qu’ils baissent ou retrouvent de la stabilité dans les barèmes bancaires de début juillet. Les banques semblent vouloir maintenir leur stratégie de « conquête » concernant le financement des projets immobiliers.

 

L’inquiétude reste de mise car la tâche de Michel Barnier sera complexe. Il va devoir engager un travail dans une logique « trans-partisane » et se montrer fin conciliateur. En effet, le résultat des législatives a donné une responsabilité forte au Parlement, celle de travailler pour répondre aux grandes préoccupations des Français dont le logement, question centrale de pouvoir d’achat et d’emploi. Il est urgent d’agir. La Profession, à la suite de la nomination de Michel BARNIER, nourrit un espoir réaliste et souhaite que les propositions qu’elle a formulées pour soutenir le logement et les investissements, indispensables aux infrastructures, soient entendues et mises en œuvre. Si la prise de conscience des élus est à la hauteur de la crise, l’action gouvernementale sera alors déterminante pour relancer l’économie de la filière. Cependant chaque jour qui passe éloigne un peu plus la sortie de crise, l’inertie de la filière étant ce qu’elle est, il faudra du temps. Dans un climat politique instable l’activité des derniers mois de 2024 s’annonce assez perturbée.

 

Les carnets de commande restent corrects toutefois. Les décalages de chantiers, annulation de programmes, morcellent les plannings rendant la gestion des effectifs difficile tout en fragilisant les trésoreries. Les effectifs du BTP dans son ensemble ont d’ailleurs connu une baisse de 2,6 % sur un an à fin juillet en Isère. En gros-œuvre, les carnets à fin mai s’établissent en moyenne à 7,7 mois, soit une baisse de l’ordre de 10 % sur un an. Le second œuvre reste encore stable dans son ensemble mais devait connaître le même ralentissement. En travaux Publics après une baisse depuis octobre 2023 les carnets de commande ont retrouvé leur niveau de juillet de 2023 pour se stabiliser à hauteur de 3,8 mois.

 

Préoccupations :

La préoccupation majeure de la filière reste la stabilité des dispositifs fiscaux. Elle espère depuis des années que lesdits dispositifs acquièrent de la constance, voire une certaine pérennité. C’est en ce sens que le PLF 2025 est très attendu.

 

Parmi les faits marquants de ce 1er semestre, on notera la décision prise par l’exécutif Métropolitain d’entamer une démarche de modification du calendrier de mise en œuvre de la ZFE. Le décalage de l’interdiction des véhicules VUL et PL Crit’Air 2 de 2025 à 2028 avec dérogation pour les VUL Euro 6d jusqu’en 2030 était nécessaire. La décision de Grenoble Alpes Métropole, empreinte de pragmatisme et de bon sens, laissera plus de temps à l’offre de véhicules et d’infrastructures pour se développer et se diversifier de manière durable. Parallèlement à cela les entreprises pourront retrouver un rythme d’investissement adapté et ainsi poursuivre plus sereinement le renouvellement de leur flotte sans grever leur capacité de financement.

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